Le repas

Jusqu’au milieu du 19ème siècle, le régime alimentaire des gens du peuple (des campagnes comme des villes) est presque strictement végétarien (œufs et laitages inclus) sauf le dimanche où l’ordinaire de légumes secs (haricots, pois, fèves), de soupes (herbes et raves, farine et oignons), de laitages (lait, fromages de fabrication familiale), est amélioré par une tranche de porc salé cuit avec les légumes de la soupe (choux, pommes de terre, carottes).

Le nombre des repas varie suivant les saisons et la longueur de la journée de travail.

La soupe périgourdine traditionnelle

Pour toute boisson, contrairement à ce que l’on pense, c’est de l’eau majoritairement qui est bue.

L’usage de boisson alcoolisée reste localisé aux régions viticoles ou productrice de cidre par exemple mais souvent le vin ou le cidre sera de mauvaise qualité et coupé d’eau.

L’alimentation paysanne en France entre 1850 et 1936 (Rolande Bonnain Moerdijk)

LA TABLE

Son emplacement est toujours au centre de la salle, parallèlement ou perpendiculairement à la cheminée. Jamais elle n’est appuyée contre un mur.

CHEF DE FAMILLE

L’homme préside, en bout de table. Face au tiroir contenant la tourte de pain, qu’il est le seul à couper et à distribuer. Un fois le tiroir tiré, il peut également servir de « rehausseur » aux plus jeunes de la famille, trop petits pour s’asseoir sur les bancs.

LE COUVERT

Le couvert se composait d’une assiette, d’une fourchette et d’une cuillère. Chacun possédait son propre couteau.

FAIRE CHABROL (ou CHABROT)

Mais aussi : boire à chabrot, faire godaille, fà chabroù (en occitan) … Autant d’expressions qui racontent une coutume : ajouter du vin à la fin de sa soupe. Une tradition pratiquée au 19e siècle dans tout le Périgord, même par les femmes et les enfants, mais qui se retrouve aussi dans d’autres régions.

Cette pratique s’est généralisée à toutes les classes sociales au cours du 19ème, même si, à cause du bruit que l’on fait en buvant de cette manière, les bonnes mœurs la désapprouvent parfois !

Faire chabrol dans son assiette à calotte – ici dans le LOT. Photo : wikipedia

MALNUTRITION SEVERE

La Double et ses habitants sont particulièrement affaiblis au 19ème siècle. En cause, la déforestation excessive, l’archaïsme de l’agriculture et les maladies infectieuses qui en ont découlé.

La description que fait Eugène Le Roy du paysan doublaud dans son ouvrage L’ennemi de la mort est accablant : « Pour les autres, ce sont tous des paysans de la Double, nourris de mil, de maïs et abreuvés d’eau malsaine. Voyez leur petite taille, leur corps chétif, leurs membres grêles … Pas de doute possible : tous ont on et auront des fièvres* » (p.152).

L’introduction récente du maïs et de la pomme de terre, ainsi que la consommation en grande quantité de châtaignes en hiver, permet malgré tout, tant bien que mal, d’éloigner les disettes.


* Fièvres : le paludisme apparaît à la fin du 18ème siècle